Après un col à 4 900 mètres, nous plongeons dans la vallée jusqu'à Chivay. A l'entrée de la ville, il faut encore payer un boleto de 20 eur par adulte... Hors de question de payer ! Sur les conseils d'autres voyageurs, nous patientons deux heures dans la ville avant de partir, à la nuit tombée, pour le canyon. La route est asphaltée pendant 20 km, puis nous roulons sur 20 km de piste. Certains tronçons sont dangereux suite à une "faille géologique"... mais la Brimobile passe. Nous dormons sur le parking du site des condors. Au petit matin, de nombreux bus débarquent et nous nous frayons une petite place. Nous patientons... nous patientons... Quelques oiseaux et aigles passent. Puis enfin un condor royal déploie ses grandes ailes dans le canyon (envergure jusqu'à 2,80 mètres). Puis plus rien... Frustrés, nous patientons encore une bonne heure avant que deux autres condors n'arrivent et volent, majestueux, au dessus de nous. Pendant deux minutes, nous frissonnons tant le moment est unique. Une petite déception de ne pas avoir pu les observer plus longuement.
Nous reprenons la route dans l'après-midi pour dormir dans un village au calme, à plus de 4 000 mètres. En arrivant à la nuit, il fait très froid. Le vent souffle. Cette nuit, les degrés descendent très bas... Nous n'avons pas de thermomètre pour en témoigner précisément... mais l'eau a gelé à la sortie de nos robinets... ! Vite, du chauffage au réveil ! L'avantage d'un petit espace est que ça se réchauffe rapidement.
 
Nous retraversons en sens inverse la route faite à l'aller, en direction de Puno et du lac Titicaca. Nous observons des flamants roses sur une lagune. La ville de Juliaca est particulièrement hideuse et difficile à traverser... Les routes sont dans un état lamentable. Nous roulons très doucement pour éviter les trous.
Notre avis sur le Pérou reste mitigé. Nous en attendions beaucoup. Puis nous avons vu... Hormis quelques sites qui nous ont vraiment plu (Cusco, Pisac, Paracas, cordillère Blanche), nous restons un peu sur notre faim au vu des distances parcourues. Les touristes paient les entrées des sites bien plus cher que les locaux et les tarifs pratiqués sont franchement limites. Le budget ne suit pas toujours... Nous sommes contents d'avoir découvert ce pays. Quant à y revenir, c'est une autre chose...
 
Le Pérou, c'est de nombreuses civilisations qui ont marqué l'histoire du pays.
Le Pérou, c'est des sites archéologiques d'une grande richesse.
Le Pérou, c'est du désert à perte de vue sur la côte Pacifique.
Le Pérou, c'est des déchets, des déchets, des déchets...
Le Pérou, c'est une machine touristique qui ne nous convient guère...
Le Pérou, c'est la magnifique cordillère Blanche !
Le Pérou, c'est l'Altiplano et les animaux qui y vivent.
Alors le Pérou, un cas ? Ou Incas ? Pour nous, les deux !
La Bolivie est toute proche... En 15 minutes, les papiers de sortie du Pérou sont remplis. Et hop ! C'est parti pour un nouveau pays !
Sur la pointe de Capachica, c'est l'heure de la moisson. Les paysans rassemblent les épis de blé et nous saluent au passage.
 
Nous arrivons à nouveau à la nuit dans une crique qui nous semble jolie à la lueur de la lune. Franck n'est pas en forme au petit matin et nous ne visitons pas les îles Uros sur le lac. Ces îles sont particulières puisqu'elles sont construites en roseau (3 mètres d'épaisseur) et que leur durée de vie est de 50 à 60 ans.
 
Nous nous rapprochons de la frontière bolivienne et passons la nuit dans la cour de l'hôtel Casablanca où nous sommes accueillis chaleureusement. Nous sommes jeudi et pourtant un mariage est célébré ! La fête a lieu en plein air et la musique bat son plein. Etrange d'écouter de la musique rock péruvienne (avec flûte de pan !) tout en observant les danseurs en tenues traditionnelles ! Les jupes tournent et volent. Quel contraste pour nous !
Notre route nous mène à Arequipa, une grande ville où nous souhaitons essentiellement visiter le monastère Santa Catalina. Ce couvent a accueilli 170 nonnes pendant 4 siècles, totalement coupées du monde extérieur jusqu'à leur mort... En 1985, le pape Jean-Paul II les a autorisées à parler et à sortir. Derrière les hauts murs se cachent des ruelles, des cellules privatives et des cloîtres. Un petit monde centré autour de Dieu.
Résultats d'analyses, traitement pour Céline. Nous apprécions la délivrance des médicaments au Pérou : le nombre exact de comprimés est donné, pas un de plus. Ainsi, pas de perte.
 
Nous pouvons lever l'ancre et quitter Cusco. Cette ville nous a enchantés, nous nous y sommes sentis très bien. Mais il faut être conscient que Cusco est une ville à part et ne reflète pas l'ensemble du Pérou.
 
Il nous reste deux zones à visiter avant de nous rendre en Bolivie. Commençons par le canyon del Colca qui abrite des condors (emblème du Pérou). La route en haute altitude traverse des paysages désertiques avec en toile de fond de nombreux volcans. Nous en apercevons un en activité.
Au cours de ces 10 jours, nous avançons l'école tant que nous pouvons... C'est bientôt la fin de l'année... Nous tenons le bon bout !
 
Entre Maëlys et Claudia naît une belle amitié. Claudia cherche à parler français, Maëlys à perfectionner son espagnol ! Depuis quelques temps, elle reçoit de nombreux compliments sur sa façon de parler, sa compréhension de la langue. Elle est heureuse !
Le camping fête ce même jour ses 10 ans ! De retour de la fête, nous "déjeunons" à nouveau et goûtons pour la première fois à l'alpaga, viande savoureuse qui se rapproche du bœuf.
La consultation chez la gynécologue révèle une infection de la vessie... Rien de grave, il faut malgré tout faire des analyses pour déterminer le bon traitement. Nous sommes encore là pour 4 jours... Le hasard faisant bien les choses, nous serons donc présents pour l'Inti Raymi. La fête débute dans le centre de Cusco avant de se poursuivre au site de Sacsayhuaman qui se trouve à 200 mètres du camping ! Quelle chance ! Pour être sûrs d'avoir une bonne place, Hilda et Céline se lèvent tôt et se rendent dès 7h du matin sur les lieux pour étendre leurs couvertures... Accompagnées d'une thermos de thé, elles discutent ! Olivier vient prendre le relais dans la matinée. Le pique-nique se prépare et nous rejoignons tous le site pour déjeuner. Désormais, les terrasses sont envahies et il est difficile de conserver notre espace. Vers 13h30, la cérémonie débute : une fois de plus, les costumes sont colorés. Petit à petit, les Incas descendent des pentes face à nous et des danses rythmées se déroulent. L'empereur inca pratique des rituels dont nous ne percevons pas tous les détails. Un lama est sacrifié... La cérémonie nous semble un peu longue puis les danses reprennent. Moment unique malgré tout, que nous avons bien apprécié.
Dans une semaine a lieu l'Inti Raymi, la fête du Soleil. Les Incas, adorateurs du Soleil, effectuaient de grandes incantations pour qu'il revienne plus près de notre planète. Tous les jours, nous pouvons admirer des danses et défilés sur la Plaza de Armas, en tenues traditionnelles colorées. Les enfants participent, ils sont magnifiques avec leurs chapeaux, leurs chaussures cirées et les rubans accrochés à leurs vêtements ! Que de couleurs ! Quelle classe ! Pas le temps de s'ennuyer, chaque jour nous profitons des festivités qui précèdent le grand jour.
Il est temps de retourner à Cusco pour la visite de contrôle chez la gynécologue pour Céline. Nous sommes mercredi et elle est absente jusqu'à lundi. Nous patienterons à Cusco.
 
Au camping, nous retrouvons Hilda et Olivier rencontrés à Lambayeque, Martine et Jacques rencontrés à Cusco avant notre visite de la vallée sacrée, Claudia et Cristian, les Chiliens aperçus rapidement à Caraz, les Suisses Stéphane, Claire et Alexandre, et Audrey et Alex vus au sud de la Colombie. Il y a quand même 3 véhicules de Haute-Savoie !!!
 
Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de mariage de Céline et Franck, 15 ans ! Alors toute la famille s'offre un bon restaurant, l'Inkazuela. Notre estomac se régale de ceviche, d'incazuela (plat en sauce délicieux à base de poulet, de bœuf, d'alpaga, etc...), de fondant au chocolat, et de pain croustillant !  Nous digérons tout en nous baladant dans les rues.
Nous terminons nos deux journées marathon par le site archéologique de Pisac. Le point de vue sur les deux vallées est saisissant. Mais comment les Incas réussissaient-ils à transporter de si gros blocs de pierre ? Comment les agençaient-ils si parfaitement ? Les pierres sont taillées de façon à s’emboîter les unes dans les autres. Le site dispose d'un centre cérémoniel, d'un temple du soleil, de bassins, etc... Ce dernier site nous a beaucoup plu.
Avant la fin de la journée, nous souhaitons visiter Moray où les Incas ont créé un ingénieux système de terrasses (probablement pour des recherches agronomiques). Malheureusement, les rues de Maras qui se dirigent vers le site ne nous inspirent pas : elles sont en piteux état et grimpent... Pas pour nous ! Demi-tour, nous nous garons à quelques kilomètres de là, sur le parking des Salineras. Après une nuit calme, balade sous le soleil des salines en terrasses. Un rio salé s'écoule tranquillement et remplit 4 000 bassins. Après évaporation de l'eau, le sel est récolté. La vue est très belle, le blanc éclatant.
Nous filons à Chinchero où nous découvrons une église et d'autres ruines incas. Le cadre est paisible et agréable. Nous visitons une association qui produit de l'artisanat à l'heure du déjeuner donc les bus de touristes sont absents. Nous discutons longuement avec les péruviennes qui tiennent la boutique ce jour-là : techniques pour obtenir les couleurs de façon naturelle, organisation de l'association, temps nécessaire pour produire telle ou telle pièce.
Nous reprenons la route pour la vallée sacrée. Le même système de boleto est mis en place pour visiter les sites archéologiques. Nous tentons notre chance à Pisac parce que le Guide du Routard informe qu'il est possible de visiter le site gratuitement après 16h. Info erronée, nous rebroussons chemin. Arrivés à Ollantaytambo, nous stationnons sur le grand parking des bus. Nous partons en repérage pour la visite du Machu Picchu. Depuis Cusco, nous explorons toutes les pistes susceptibles de nous emmener au célèbre site :
 
- en camping-car jusqu'à Santa Teresa, sur une piste vertigineuse à une voie, traversant rivières et pont limité à 3 tonnes (en bois craquant, sans protection) alors que nous pesons près de 4 tonnes... Ensuite, 3 heures de marche le long de la voie ferrée jusqu'à Aguas Calientes, le village au pied du Machu Picchu. Une nuit à l'hôtel avant de monter, à l'aube, soit à pied les 1 756 marches, soit en bus et c'est le porte-monnaie qui se perce à nouveau... Avec notre pare-chocs tout neuf, nous ne souhaitons pas tenter le diable...
 
- en colectivo jusqu'à Santa Teresa, puis même parcours que le précédent. Le tarif est de 70 soles par personne depuis Cusco (6 heures de trajet) et 100 soles depuis Ollantaytambo (4 heures de trajet !!! Cherchez l'erreur.). Franck ne se sent pas rassuré de monter avec les enfants dans des mini-bus conduits assez imprudemment sur une route déjà dangereuse...
 
- le train depuis Ollantaytambo, les kilomètres les plus chers du monde ! Train et entrées au Machu Picchu nous reviennent à quasi 500 euros pour nous cinq, en prenant le premier train à 5h du matin et en revenant par le dernier à 23h, soit les moins coûteux...
 
Après de longues discussions et interrogations, nous décidons d'y aller en train. Au moment d'acheter nos billets de train, nous demandons à acheter également les entrées du site. Impossible ! Les entrées ne se vendent qu'à Cusco ou au Machu Picchu directement. Nous sommes mi-juin et il n'est pas certain que nous ayons des places le lendemain, le nombre de visiteurs étant limité à 2 500 par jour. Exaspérés par ce système ultra touristique, nous abandonnons l'idée de visiter le Machu Picchu. Cela fait des semaines que nous nous posons la question : on y va ou on n'y va pas ??? Les voyageurs rencontrés nous donnent l'envie... Et d'un autre côté, le budget et la manne touristique nous écœurent. Finalement, nous nous sentons soulagés. Au cours de notre voyage, nous avons vu et nous verrons encore de magnifiques sites.
 
Nous décidons d'acheter LE boleto et avons deux jours pour visiter Ollantaytambo, Chinchero, Moray et Pisac. Candice se plaint rapidement de son oreille... Heureusement que nous ne sommes pas partis pour le Machu Picchu !!! C'est que ça ne devait pas se faire ! Elle est gênée tout au long de la journée mais nous avons les médicaments qu'il faut. Ollantaytambo est la seule ville à avoir conservé son plan inca. Les ruelles sont étroites, les rigoles d'évacuation des eaux sur le côté et les maisons construites sur les soubassements d'origine. Les ruines de la forteresse surplombent la ville. Les terrasses sont impressionnantes.
 
Le garagiste remonte le pare-chocs réparé et nous sommes stupéfaits par le résultat ! Un coup de peinture et il est méconnaissable. La résine utilisée est plus dure, ce qui rigidifie l'ensemble. L'objectif étant maintenant de ne plus taper quelque part...
Cela fait 3 jours que nous sommes à Cusco et un garagiste recommandé par Milagros, qui gère le camping, se déplace pour estimer les dégâts de la Brimobile. A deux ou trois reprises, nous avions déjà frotté, il y a donc des fissures et des morceaux en moins. Environ 3 jours de travail sont nécessaires pour réparer l'ensemble du pare-chocs. Rendez-vous est pris pour le lendemain, à l'autre bout de Cusco.
 
Nous profitons de nous rendre à l'Alliance Française pour passer quelques heures à la bibliothèque. Les filles sont ravies !
 
Céline a besoin de voir une gynécologue. Un petit contrôle est nécessaire après notre visite de la vallée sacrée d'ici une semaine.
 
Pour nous rendre en ville, nous utilisons les bus locaux. C'est folklore et ça nous plaît ! Les arrêts sont indiqués à la volée par une femme ou un homme installé aux portes. Tout juste le temps de monter que le bus redémarre dans un nuage noir. On ne perd pas de temps.
 
Le soir venu, nous dormons dans le garage au milieu de cars déglingués, de voitures désossées. Le dernier jour, Franck effectue la vidange de la Brimobile et dépose l'huile, comme indiqué, dans un énorme bidon. Qui sait où elle ira ensuite ?
L'heure de la remontée a sonné ! Franck est confiant, Céline un peu moins... Croisons les doigts pour qu'aucun véhicule ne descende... La Brimobile se comporte comme une chef, monte sans se plaindre et nous arrivons en haut assez facilement.
 
Maintenant, direction Cusco, la capitale des Incas. De petits bouchons encombrent les abords de cette grande ville et nous entrons à la tombée de la nuit. Une fois sur la Plaza de Armas, impossible de continuer car une fête s'y déroule. Le GPS nous guide vers une autre rue. Une ruelle... Il y a bien des lumières mais de nuit les impressions sont faussées. La ruelle monte, à sens unique, très étroite. Franck prend de l'élan et monte en première vitesse. La Brimobile atteint le haut... mais elle est prise au piège : en face, c'est un cul-de-sac. Et à gauche, une autre ruelle à angle droit, toujours montante. Les voyageurs qui connaissent Cusco reconnaîtront tout de suite cette ruelle que nous empruntons à pied pour descendre du camping au centre-ville... Nous tentons la ruelle à angle droit. Franck redescend sur le haut de la pente (zone la plus raide de toute la ruelle), Céline se poste à l'arrière pour le guider. Qui dit pente raide dit escaliers sur les trottoirs, avec marches de différentes hauteurs... Il démarre au frein à main et donne de l'impulsion aux 4 tonnes de la Brimobile, accélère et tourne en même temps... Le bas de caisse arrière-droit vient se casser sur l'une des marches qui sont à 20 cm de chaque côté du camping-car... Céline crie à Franck de s'arrêter et le rassure : ce n'est que du plastique, tout va bien. Il faut maintenant se stabiliser sur le haut et réfléchir. Franck a peur de redescendre en arrière, il préfère essayer de faire une marche arrière dans la ruelle de gauche, pour pouvoir descendre en marche avant. Deux péruviens viennent à notre secours et guident Franck à l'avant tandis que Céline se positionne toujours à l'arrière pour éviter de frotter à nouveau le pare-chocs. Vu depuis l'arrière, tout se passe bien : le pare-chocs est bien parallèle à la route. Mais la route pavée est en biais... Franck sent le camping-car qui tangue... Il hurle qu'il va tomber... Céline accourt et constate que la roue avant gauche est en l'air, à une vingtaine de centimètres du sol... La situation est grave... Il est désormais presque perpendiculaire à la première ruelle et risque de tomber sur tout le côté droit du camping-car. Céline pense qu'il faut avancer, en accélérant fort. Franck s'inquiète pour la capucine car les toits en tôle dépassent. Céline guide Franck, ça passe pour la capucine mais il faut accélérer tout en laissant les roues tournées vers la gauche car au centre de la ruelle se trouve une rigole d'évacuation des eaux (merci les Incas !) juste un peu plus large que nos pneus. Si la roue est coincée dedans, nous sommes très mal... Le camping-car commence à bouger et Céline (qui se trouve du côté où le camping-car peut basculer...), sûrement dans un moment d'inconscience, pousse la portière droite pour aider à avancer... Ouf ! Ca passe et Franck se stabilise à nouveau sur le haut du cul-de-sac. Il est liquide et tremble de la tête aux pieds. Mais ce n'est pas fini, il faut redescendre en marche arrière. Les filles descendent du camping-car et marchent à côté de Céline qui guide toujours à l'arrière. Plus Franck descend, plus l'inclinaison de la pente diminue, nous sommes sauvés ! Nous avions peur pour nos freins, peur que le poids du camping-car n'entraîne Franck dans la descente ou pire, que la Brimobile ne bascule... Nous sommes en bas, très soulagés que ce mauvais épisode soit terminé. Merci à nos anges-gardiens péruviens qui nous ont aidés jusqu'au bout et ont bloqué la circulation pour que nous puissions ressortir de cet guet-apens. Les policiers nous indiquent le bon chemin et nous arrivons épuisés au camping... SAS de décompression où chaque membre de la famille exprime ses peurs. Nous sommes bien au camping, pour nous remettre de nos émotions. Des backpackers français nous convient le soir-même autour d'un feu de camp, de quoi nous changer les idées.
 
Nous prenons notre temps et du bon temps à Cusco. La ville est fort agréable. Différents quartiers animent nos journées. Ca monte, ça descend ! La ville est à 3 600 mètres d'altitude. L'oxygène manque un peu et nous nous essoufflons plus qu'à l'habitude. Nous visitons le musée du chocolat, ce qui ne déplaît pas aux filles ! Malheureusement, chaque entrée d'église, chaque bâtiment ancien, chaque musée... rime avec "boleto". Le boleto, c'est un billet payant qui inclut un certain nombre de visites, mais le prix est excessif. Et il est impossible de payer séparément une visite. Nous nous contentons donc de nous balader et de faire les marchés. Nous repérons la pierre à 12 angles taillée par les Incas. A Cusco, les sifflets des policiers remplacent les klaxons... Pourtant, que font-ils postés aux carrefours qui possèdent déjà des feux tricolores ? Au feu vert, ils sifflent et font la circulation. Les conducteurs semblent pourtant assez disciplinés ici.
Nous redescendons un peu en altitude et nous arrêtons à Curahuasi pour la nuit. Nous nous installons sur la place centrale. Des jeunes jouent au foot mais pour cette nuit ça devrait aller. Ne jamais se fier aux apparences... Nous sommes pourtant maintenant rodés... A 3h du matin, deux messieurs balaient la place des armes et donnent de petits coups de balai dans le pare-chocs de la Brimobile pour évacuer ce qui reste coincé le long du trottoir... Ce n'est pas possible ? Les déchets sont partout et ils balaient à 3h du matin ? Céline a beaucoup de mal à se rendormir. Elle y parvient quand à 5h30, les jeunes reviennent jouer au foot à quelques mètres de nous. Là, l'énervement monte d'un cran. La nuit se termine à 6h45 avec deux enceintes crachant une musique atroce sur le parvis de l'église. Ne supportant plus rien, nous déplaçons le camping-car de quelques rues pour prendre le petit-déjeuner. On peut dire que la journée commence bien.
 
Heureusement, nous avons les coordonnées d'eaux thermales à une vingtaine de kilomètres de là. La piste qui y descend sur 3 km est un peu périlleuse, des virages en épingle dans des cailloux... Céline n'est pas rassurée et s'inquiète surtout pour la remontée. D'autres voyageurs y sont passés avant nous alors profitons de ce bel endroit où nous passerons la nuit : différents bains à une température idéale, une vue splendide, des jets puissants. Quoi de mieux !
Mais beaucoup de route nous attend et nous sommes pressés d'arriver à Cusco pour faire une pause. Nous montons à nouveau en altitude, ça grimpe sérieusement. Tout au long de la route au Pérou, les murs des maisons, les rochers, les boutiques sont peints avec les noms des candidats espérés à l'élection suivante (présidentielle ou municipale). Un joli patchwork ! A Puquio, nous nous garons à coté de la police à la nuit tombée et faisons quelques achats de fruits et légumes. Les échanges avec les habitants sont chaleureux, ils ne sont pas habitués à voir des étrangers et nous demandent ce que nous faisons là ! La discussion est agréable et nous nous sentons bien. Nous repérons une boutique de gaz, une gentille dame nous indique qu'elle ne fait que des échanges de bouteilles mais qu'elle peut nous accompagner le lendemain à l'usine où notre bouteille américaine peut être remplie. Un gros soulagement parce que cela fait quelques jours que nous essayons de faire remplir notre bouteille mais les usines n'ont pas l'adaptateur nécessaire. Nous nous restreignons donc et utilisons l'eau froide pour nous laver et faire la vaisselle, et pas de chauffage malgré des soirées et réveils frais... Franck, Maëlys et la dame s'en vont en moto-taxi, avec la bouteille sur les genoux !
 
Notre parcours sillonne désormais l'altiplano à 4 500 mètres d'altitude. Whouah ! Des paysages grandioses ! Magnifiques ! Des lamas, des alpagas et des vigognes par centaines sont en liberté. Ils traversent parfois la route. Nous nous arrêtons ici ou là pour les observer et les prendre en photos. Les Péruviens nous saluent au passage. Voir les photos des autres voyageurs nous faisaient rêver... Nous y sommes. Quel sentiment de liberté ! Pendant quelques heures, nous sommes dans un autre monde.
Ce territoire est célèbre pour les lignes tracées au sol par la civilisation Nazca : des formes géométriques, des figures animales ou de longues lignes dont la signification reste un mystère. Nous  tentons de les observer depuis un mirador. La meilleure façon de les voir est à bord d'un petit coucou qui virevolte dans tous les sens. Il faut juste avoir le cœur bien accroché et la bourse bien pleine... Au mirador, nous rencontrons un jeune couple en vacances, Yann et Claire. Nous partageons le déjeuner ensemble et les ramenons à la ville. Chouette échange !
L'oasis de Huacachina ressemble au désert du Sahara, en miniature. Les dunes sont grandes et belles, le sable est fin. La principale attraction ici, c'est le buggy dans les dunes. Maëlys a mal au ventre et Céline n'est pas très bien non plus... Nous reportons au lendemain notre escapade qui risque d'être secouante. En attendant, Franck sort les bodyboads pour glisser sur les pentes. Pas le plus adapté mais cela permet malgré tout aux filles de s'amuser follement. Nous rencontrons une famille française avec 3 enfants en voyage à vélo. Nous les admirons ! Cette lagune est malheureusement faite uniquement pour les touristes : beaux hôtels, restaurants. Le lendemain matin, Maëlys et Céline ne se sentent pas mieux, pas de sortie buggy et nous reprenons la route vers Nazca.
Une fois sortis de cet enfer de klaxons et de pollution, nous déjeunons et prenons un bol d'air au bord de l'océan, à un kilomètre de l'artère principale. Au moment de nous réengager sur la panaméricaine, surprise ! Il faut payer un péage qui n'est annoncé nul part et que nous n'aurions pas payé si nous avions poursuivi notre route... Nous sommes en colère. Pas le choix, il faut payer... Le désir que nous avions de visiter le Pérou laisse place à un ras-le-bol... Vivement que nous atteignions le sud.
 
Nous passons la nuit à Cerro Azul avant de poursuivre jusqu'à la réserve de Paracas. Après cette longue et monotone route désertique le long du Pacifique, nous apprécions cette zone reposante, où les nombreux oiseaux sont rois. Nous dormons bercés par les vagues qui viennent claquer contre la falaise. Une crique avec plage accueille les rires et les jeux des filles ! Elles courent, sautent dans l'eau... puis se déshabillent au fur et à mesure qu'elles se mouillent. Au retour vers notre bivouac, la route qui surplombe l'océan est un peu en dévers... Nous roulons doucement, Franck et Céline sont tendus... Ouf, ça passe ! La Brimobile n'a pas failli. Nous parcourons aussi une partie de la réserve, avec différents points de vue.
Maintenant, il va falloir se frayer un chemin sur la panaméricaine qui traverse Lima... Encore une journée de route qui s'annonce. Grande ville, nous ne nous y arrêtons pas. Il nous faut 1h30 pour atteindre le sud de la capitale. C'est court 1h30 ! Mais 1h30 de stress, la crainte qu'un bus ou un taxi n'accroche la Brimobile... tous changeant de voie sans crier gare. Céline a quelques sueurs froides même si Franck gère très bien la situation. Nous sommes stupéfaits de suivre un poids-lourd qui roule avec une jante sans pneu sur les roues jumelées arrières... En le dépassant, nous sommes rassurés : il se fait remorquer ! Malgré tout, beaucoup de véhicules sont en mauvais état : bringuebalant, essieux voilés, pneus sacrément usés.
L'altitude grimpe rapidement (à plus de 4 200 mètres) et les vues sont spectaculaires. Au fil des kilomètres, nous admirons les montagnes, les lagunes, les champs, les maïs et piments étendus pour sécher. Et puis d'un coup, nous descendons, descendons... jusqu'à rejoindre la côte Pacifique à 10 mètres d'altitude. Les panneaux de signalisation sont corrects au Pérou, fidèles à la perspective de la route, ce qui aide grandement en montagne. La verdure se transforme en zone aride. Quelle transition ! Dans nos yeux aussi : dans la cordillère Blanche, peu de détritus... Nous y étions bien.
Nous déjeunons tard et Candice se plaint de maux de ventre depuis le matin. Cela semble s'accentuer, alors plutôt que de dormir ici tout seuls, nous préférons redescendre à Caraz. Nous repartons une demi-heure avant la nuit et arrivons tard et fatigués. A peine dîné, Candice renvoie ce qu'elle vient de manger... Nous avons bien fait de redescendre... Céline dort avec elle sur la dînette transformée en lit, au cas où. Nous ne nous sentons pas de changer le lit de la capucine en pleine nuit... Et pas de machine à laver sous la main ! Finalement, les médicaments font leur effet et Candice va mieux en deux jours.
 
A Caraz, nous procédons à un nettoyage extérieur intégral de la Brimobile, la première fois depuis le début du voyage ! Au jet d'eau, Franck élimine la terre collée sous le chassis et la poussière des parois. Elle brille !
 
Avant d'atteindre Huaraz, nous souhaitons faire trempette aux thermes de Monterrey. Nous nous renseignons sur la possibilité de dormir sur le parking pour la nuit et le monsieur nous annonce le tarif de 10 NS. Céline tente de négocier, sachant que d'autres voyageurs y ont dormi gratuitement. Le monsieur se montre agressif et menace d'appeler la police si nous ne payons pas... Pas de souci, nous quittons les lieux sur le champ. Pour fêter l'anniversaire de Franck, nous dînons au restaurant El Fogon à Huaraz (nous nous régalons !), puis dormons près du poste de police, au calme hormis les hordes de chiens qui aboient régulièrement et se courent après...
Au cœur de la cordillère Blanche, les hauts sommets enneigés nous toisent. Malgré l'altitude de 2 245 mètres à Caraz, nous continuons à monter... Le GPS, une nouvelle fois, ne nous guide pas sur le bon chemin et nous nous retrouvons sur une mauvaise piste, étriquée entre quelques maisons. Nous nous renseignons auprès des habitants qui nous confirment que c'est la bonne route... Très souvent, ils ne font pas la différence entre un camping-car de 7 mètres et un petit taxi type Fiat Uno... Demi-tour et nous trouvons la bonne route. Les lagunes de Llanganuco sont connues pour leurs eaux turquoises. Nous traversons de beaux paysages, de petits bouts de villages en adobe ici ou là et arrivons après 2 heures de piste aux lagunes. Le dernier tronçon n'est pas facile, nous sommes soulagés d'arriver au parking. L'environnement est très beau mais n'égale pas les lacs des Rocheuses canadiennes que nous avions trouvés splendides !
Nous arrivons à la nuit tombée à Caraz et nous garons sur la place centrale. Nous faisons rapidement connaissance avec Claudia et Cristian, Chiliens en voyage au long cours. Peut-être que nos routes se croiseront à nouveau... Nous faisons quelques courses au marché et trouvons un excellent fromage qui ravit nos papilles ! Depuis le début du voyage, c'est le premier que nous savourons à ce point tant les fromages nous manquent : la texture du reblochon et l'odeur du munster !!! Nous parcourons les allées et nous retrouvons nez-à-nez avec un cochon à la verticale, en train de se faire dépecer au coin d'un stand... Même Coline, habituellement moins sensible à la vue de la viande dans ces conditions, est dégoûtée. Les odeurs nous répugnent. Un chien marque son territoire à moins d'un mètre... Hygiène quand tu nous tiens !
Puis direction le canyon del Pato... Certains paysages nous rappellent les parcs nationaux des Etats-Unis. Avant d'y arriver, de longues heures de route nous attendent... Nous quittons la côte Pacifique un peu avant Chimbote et nous orientons vers la cordillère Blanche. 90 km de route asphaltée nous mènent au petit village de Chuquicara. Il va bientôt faire nuit et nous pénétrons dans un canyon de 60 km de piste qui précède celui del Pato. Les parois rocheuses sont impressionnantes, la piste peu rassurante de nuit... Après seulement 2 km où nous sommes sacrément secoués, Céline préfère faire demi-tour et dormir au village, sinon elle ne dormira pas bien... Au matin, "joyeux anniversaire papa !!!". Franck a 40 ans aujourd'hui ! Distribution des petits cadeaux-maison et nous prenons la route. Au jour, le canyon se révèle très beau, une palette de couleurs ocre-beige nous suit tout au long du chemin. Il nous faut 5 heures pour parcourir cette courte distance mais les paysages sont sincèrement magnifiques. Nous enchaînons sur le canyon del Pato qui a la particularité de traverser 35 tunnels à voie unique. Heureusement, quelques espaces sont réservés pour se rabattre en cas de besoin. Ce canyon, bien que joli, nous plaît moins que le précédent.
Chan Chan est la plus grand ville en adobe des Amériques (faite en briques de terre, de paille et de chaux) datant du XIIè au XVè siècle et est la capitale de la civilisation chimu. De nombreuses frises et soubassements représentent des vagues, des loutres de mer, des pélicans, etc... Nous visitons également le petit musée du site, pas très intéressant...
L'anniversaire de Franck est dans quelques jours... Dès le lendemain matin, Céline réserve une journée de cours de longboard pour Franck. Il en parle, il en rêve. C'est l'opportunité ici car les vagues s'y prêtent bien. Surpris, il enfile une combinaison, suit la demi-heure de théorie avant de se lancer ! Il n'est pas facile de se hisser sur cette longue planche... Il y arrive mais retombe rapidement... Il essaie sans relâche puis la fatigue se fait sentir dans l'après-midi. Il rentre lessivé mais heureux ! Le soir même, nous faisons la connaissance d'Adèle et Yacob qui sont backpackers, et dînons ensemble.
Non loin de là, nous faisons une courte halte à Pimentel où les pêcheurs embarquent sur de frêles barques en roseau (caballitos de totora). Nous achetons des crabes tout justes sortis de la mer, dont nous nous régalerons au dîner.
 
Sur la route de Huanchaco, nous prenons deux auto-stoppeurs avec nous : Oscar et Amandine, l'occasion d'occuper les filles pendant les 2 heures de route ! Nous les déposons à leur hôtel puis nous garons le long de la mer, l'endroit est calme.
Nous essayons de positiver en nous disant que, plus loin, le paysage changera et deviendra plus vert. Après 300 bons kilomètres, nous arrivons à notre premier bivouac à Lambayeque. Nous rencontrons deux couples francophones : Kurt et Elisabeth, et Hilda et Olivier. Nous discutons un petit moment puis nous passons une bonne nuit à nous reposer. Le lendemain, visite du musée Tumbas Reales de Sipan, qui contient les richesses découvertes en 1987 dans des tombes : ce sont en premiers des voleurs qui s'emparent d'une partie des trésors... avant que des archéologues ne s'orientent vers la pyramide de Sipan. Ils y trouvent le senor de Sipan, entouré de 8 personnes (sacrifiées pour l'accompagner...), et de nombreux objets d'art de la culture moche (se prononce "motché") : des céramiques, des bijoux, des boucliers, des couronnes, etc... Une guide en français nous accompagne et implique beaucoup les filles, rendant la visite très riche pour elles. Nous ressortons ravis de ce musée. Malheureusement, aucune photo n'est permise à l'intérieur.
Le Pérou, ce sont les Andes, les Incas, la Vallée Sacrée et son Machu Picchu ! Pour nous Français, ce pays fait rêver.
 
Retour à la réalité après avoir passé la frontière. Notre surprise est de taille. Même si des voyageurs nous avaient prévenus, nous sommes effarés de trouver un début de pays si sale et désordonné. Les déchets sont partout, sur le sol, au milieu des habitations de fortune. Des bourrasques de vent soulèvent poussières et détritus, les propulsant à plusieurs centaines de mètres. Des odeurs pestilentielles se dégagent des amas de détritus. Un paysage de désolation dans un désert qui n'en finit pas. Bienvenue dans la face sombre du Pérou !
Le Pérou... un cas ? Incas !
du 20 mai au 02 juillet 2015
4 507 kilomètres parcourus
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